un peu de culture religieuse

Puisque ce genre d'écrits plaisaient sur l'ancien forum, alors je vais remettre ça ici, si vous le voulez bien...
J'essaierai de vous en écrire une par mois.

Au Moyen-Âge, la religion tenait une place très importante dans la société et dans la politique. En tant que médiévistes, nous devons (pour nous-mêmes mais aussi pour le public) avoir un minimum de savoir au niveau religieux. Voilà pourquoi, je vous propose une rubrique sur les Saints médiévaux du mois…

Commençons par le commencement… La canonisation au Moyen-Âge :
Tout en partant du principe que seul Dieu est « saint », c’est-à-dire souverainement pur, l’Eglise reconnaît également comme saint après leur mort certaines personnes qui ont répondu à l’appel de Dieu à partager sa sainteté. Cette reconnaissance s’appelle la « canonisation ». Jusqu’au XIIIe siècle, c’étaient les communautés chrétiennes ou les évêques qui déclaraient des personnes saintes, et la grande majorité des saints l’a été ainsi. A partir du XIIIe siècle, le pape s’est réservé le pouvoir de canoniser en prévoyant une procédure particulière sous forme de procès appelée « béatification », c’est-à-dire proclamation comme « bienheureux » autorisant un culte local, étape nécessaire avant la canonisation proprement dite autorisant un culte universel. Sur environ 35000 saints proclamés, 30000 sont des martyrs (ne pas confondre le « martyr » qui est la personne et le « martyre » qui est l’acte subit par cette personne), et 4000 sont des confesseurs de foi.

Et voici quelques-uns des saints médiévaux de janvier :
Le 04 : St Odilon
Auvergnat de naissance, Odilon de Mercœur fut clerc à Saint-Julien-de-Brioude puis moine à Cluny sous le gouvernement de Mayeul. Elu abbé en 995, il assuma cette charge pendant 54 ans. Très mêlé à la vie de son temps, religieuse et même politique, d’une grande bonté, il institua dans son ordre, en 998, la commémoration des fidèles trépassés, le 2 novembre. Cet usage fut ensuite repris à son compte par l’Eglise universelle. Odilon prit également une part importante à l’établissement de la trêve de Dieu. Il mourut au cours d’une tournée d’inspection, au monastère de Souvigny, dans la nuit du 1er janvier 1049.
Le 15, St Remi
* Surnommé « l’apôtre des Francs », Remi fut un homme très influent en Gaule à la fin du Ve siècle. Alors qu’il était l’évêque de Reims il conféra, en la nuit de Noël 496, le baptême à Clovis, roi des Francs, ainsi qu’à 3000 soldats. Si cet évènement, faisant de Clovis le premier roi chrétien, reste le plus marquant gravé dans l’Histoire, l’apostolat de ce saint ne dura pas moins de 74 ans. Il fonda ou releva des évêchés, faisant de la France un royaume catholique et après une mission si bien accomplie, il s’éteignit de vieillesse à 93 ans.
* Pour abriter son tombeau, une basilique fut construite à Reims portant son nom (la plus importante église romane du nord de la France, vite devenue centre de pèlerinage) et aujourd’hui encore la châsse du saint évêque y est vénéré dans la vaste nef qui fut consacrée en l’an 1049.
Le 20, St Sébastien
* Vers 303, Sébastien était un citoyen romain sous l’empereur Dioclétien (245-313, empereur de 284 à 305). Sa légende, plus fournie, en fait un militaire commandant la garde prétorienne de Dioclétien. Sébastien apporta son réconfort et son soutien à des chrétiens emprisonnés. Arrêté puis jugé, il fut condamné à être transpercé de flèches. Il survécu à son martyre, recueilli et soigné par une veuve, Irène, il guérit. Faisant ensuite des reproches à Dioclétien pour sa conduite envers les chrétiens, il fut de nouveau arrêté et lapidé.
* Le culte de ce témoin de la foi connut un prodigieux développement. Par son intercession, Rome fut préservé de la peste en 680. Depuis, on lui attribue le pouvoir d’arrêter les épidémies de ce fléau, peut-être à cause d’une croyance antique : les épidémies de peste seraient des flèches lancées du ciel par une divinité en colère. Les gens des campagnes le prient pour les biens de la terre, et les archers, arbalétriers, arquebusiers et aiguilliers l’invoquent comme leur patron puisque des flèches et des aiguilles furent les objets de son martyre.

Voili, voilà!

Franchement bien, ça m'intéresse aussi !
Surtout si tu fais les saints du mois, certains se reconnaîtrons peut-être ^^ !

Très instructif, tes rubriques sont vraiment très bonnes !

Quelques saints médiévaux de mois-ci :

Le 13 : Ste Béatrice d’Ornacieux, XIIIè siècle.
* Née à Ornacieux (dans l’Isère) vers 1260, entra en 1273 à la Chartreuse de Parménie, puis fut envoyée fonder un monastère à Eymeu (dans la Drôme), où elle vécut dans la pauvreté et mourut le 25 novembre 1303. Elle fut canonisée en 1976.

Le 14 : St Valentin, IIIè siècle mais incontournable !
* Sous l’empereur Claude II, il était prêtre à Terni en Italie et jouissait du renom de thaumaturge. Un miracle le fit connaître comme chrétien. Il est arrêté, mais il guérit la cécité de la fille de l’officier chargé de le surveiller. Il convertit alors toute la famille de ce dernier. Le préfet de Rome fit décapiter celui qui avait mis ses pouvoirs de prêtre et ses talents de médecin au service des chrétiens prisonniers pour leur foi en 273.
* Le 15 février, les Romains célébraient avec faste le dieu Faunus Lupercus, dans une grande fête païenne dédiée à l'amour et à la fécondité. Pour contrer cette célébration, parfois débauchée, le Pape Gélase Ier, en 495, décida de marquer plus solennellement saint Valentin, mais sans autre raison. Ainsi fut supprimée progressivement la dernière fête païenne.
* Une confusion entre différentes légendes du Moyen Âge l'a fait devenir patron des amoureux.

Le 17 : St Alexis, de Rome, XIVè siècle.
* Confesseur. L'un des 7 marchands florentins qui se libérèrent des servitudes de leur négoce pour vivre au service de l'Eglise, à l'image de la Mère de Dieu, dans la prière et dans l'apostolat. Lui et les 7 marchants florentins étaient grands amis, ils avaient tous de trente à trente-cinq ans quand ils se retirèrent, silencieux, se construisant des huttes de bois dans la forêt, s'adonnant à la prière et au travail de leurs mains. A tour de rôle, ils prenaient la besace et se faisaient mendiants pour s'assimiler à la classe la plus pauvre et récolter beaucoup d'humiliations de la part de ceux qui se souvenaient de leurs richesses anciennes. Ils n'avaient jamais songé à fonder un ordre de religieux, mais Rome le leur imposa et ce fut leur dévotion à la Sainte Mère de Dieu qui leur fit donner le nom de "servites" ou " serviteurs de Marie."
* Il est représenté en pèlerin avec un bourdon (Grand bâton, souvent armé d’un crochet supportant une gourde, qui servait à se défendre contre les chiens et autres bêtes sauvages. C’était l’attribut ordinaire des pèlerins).

Bibliographie :
Reconnaître les Saints, B. Des Graviers & T. Jacomet
Site internet : http://nominis.cef.fr/

à bientôt!

Et c'est parti pour mars!

Le 06 : Colette XIII-XIVè siècle
Né à Corbie (dans la Somme) en 1381, Colette mourut à Gand (en Belgique) le 6 mars 1447. Cétait l’époque du Grand Schisme (1378-1417), marquée par l’affrontement de trois papes : l’un à Rome, le deuxième à Avignon et le troisième à Pise. Après la mort de ses parents, Colette, qui s’appelait en réalité Nicolette (en l’honneur de Nicolas le thaumaturge), entra chez les béguines d’Amiens, elle les quitta pour les bénédictines de Corbie, qu’elle délaissa pour les clarisses de Moncel (Oise). Les règles de ces communautés lui paraissaient trop douces, et Colette se retira finalement sur les contreforts de Notre-Dame de Corbie pour y mener la vie d’une recluse. Elle y demeura trois ans, jusqu’à ce que François d’Assise et Claire se manifestent à elle pour réformer leur ordre. Colette quitta donc sa retraite pour aller faire part au pape d’Avignon, Benoit XIII, de sa mission. Celui-ci, fortement impressionné par la religieuse de vingt-cinq ans, lui donna lui-même le voile, la corde et l’établit supérieure générale de tous les couvents qu’elle fonderait ou réformerait. Colette réussit ainsi à ramener les Clarisses à leur règle primitive en France, en Flandres et en Savoie.

Le 14 : Mathilde IXè siècle
* Femme d’Henri l’Oiseleur, roi de Germanie (919-936), Mathilde qui était née vers 880 en Westphalie fut la mère d’Othon le Grand qui devint empereur d’Allemagne, roi d’Italie et premier titulaire du Saint Empire romain germanique ainsi que d’Henri le Querelleur, duc de Bavière. Sa fille Hedwige fut la mère d’Hugues Capet, premier roi de France.
* Pour dépouiller leur mère de son douaire, ses fils l’obligèrent à se retirer au couvent d’Engerhorn. La reine, qui avait toujours été pieuse, accepta cette retraite comme une grâce, disant à ceux qui la plaigaient que ses fils avaient été pour elle les instruments dela Providence. « Que Dieu soit béni et les bénisse ! » ajoutait-elle. Lorsque ses fils lui rendirent la liberté et ses biens, elle en profita pour faire construire des hôpitaux, des églises et des monastères, notamment celui de Polden qui compta rapidement 3000 moines et celui de Northausen (Thuringe) où elle-même passa les cinq dernières années de sa vie. Cependant, à l’approche de sa mort, elle se fit transporter à Ouerdllinburg, dans la Saxe, où son mari avait été enterré 32 ans plus tôt. Elle y mourut le 14 mars 968.
* Elle est représentée avec une église dans les mains et est agenouillée devant un autel, un enfant s’instruit auprès d’elle, et des hommes reçoivent d’elle une aumône.

Le 17 : Patrick Vè siècle
Patron de l’Irlande et de tous les irlandais du monde.
Patrick nait à Bonnaven au pays de Galles. Son père est fonctionnaire civil, et posséde une ferme. Il est enlevé par des pirates et vendu à un paysan en Irlande à l’âge de 16 ans, chez qui il passe six ans à garder les porcs mais aussi à prier et méditer. A 22 ans, il réussit à s’enfuir pour revenir chez ses parents en Angleterre. Là, il se voit en rêve convertir les irlandais, il se prépare alors au sacerdoce en se retirant dans une abbaye. Il devient évêque en 432. Il part, alors, évangéliser avec bien des difficultés, l’Irlande : il fonde des monastères qui deviennent chacun un centre d’évangélisation. La tradition veut qu’il se soit servi du trèfle pour expliquer la Trinité aux Irlandais, et qu’il fit jaillir des flammes d’une caverne pour convertir les incroyants. Quand il meurt, à Saul in Down en 461, le christianisme et la vie monastique étaient implantés partout dans l’île.

Bibliographie :
Reconnaître les Saints, B. Des Graviers & T. Jacomet
Dictionnaire des saints, Georges Daix

Bonjour Héloïse,
c'est super intéressant. Si tu peux faire quelques saints d'avril...

VOUS par contre vous pouvez pas rivaliser de religion avec moi ! Non, je suis pas chrétient c'est juste que mon prénom c'est Adam

Ouais, faut avouer que comme prénom religieux on peut difficilement mieux...

Lambègue a écrit:

Ouais, faut avouer que comme prénom religieux on peut difficilement mieux...

J'avoue a ne pas oublier que ça se prononce AdamE

Pendant ce temps, en Gaule :

<<
L'église de Gaule, qui s'était fortement accrue au IIIe siècle, fait, au cours du IVe, un véritable bond en avant.

C'est dans cette Gaule déjà fortement christianisée qu'arriva, vers 338, un jeune sodat de vingt ans, du nom de Martin. Converti, au cours de l'enfance, Martin, à quatorze ans, rêvait de se consacrer au Christ quand son père le fit engager. La vie des camps ne porta point atteinte à son idél, au contraire. Un épisode le prouva. Un jour, à Amiens, ù il tenait garnison, Martin rencontra un mendiant qui grelottait dans l'aigre bise picarde : fidèle à la charité du Christ, il coupa son manteau et en donna la moitié au miséreux. La nuit suivante Jésus lui apparut, portant ce morceau de manteau que le jeune catéchumène avait offert pour Son amour.
(...)
Alors il entreprend l'évangélisation des campagnes. En modeste équipage, à âne ou à mulet, il s'en va, de village en village. Il appelle au Christ tous les misérables, tous les abandonnés. Les routes de Touraine et du Berry le voient passer, semant le grain ; par lui Amboise, Langeais, Touron, Clion, Livroux deviennet des paroisses. Il pousse en Auverge, en Saintonge : il prêche dans la région parisienne comme dans la vallée du Rhône. Partout il remplace les temples païens par des églises et des oratoires. La renommée multiplie le bruit de ses miracles.
Quand il meurt, pendant une de ses tournées à Candes, en 397, sa popularité est tellet qu'aucun saint peut-être, ne pourra jamais, en terre de Gaule, rivaliser avec la sienne. Plus de quatre mille églises paroissiales sont encore sous son patronage, quatre cent quatre-vingt-cinq bourgs ou villages portent son nom.
Au temps des Mérovingiens, puis des premiers Capétiens, la cape rouge de saint Martin sera portée en tête des armées et ce sera sur elle qu'on prêtera, en temps de paix, les serments solennels.
>>
(Daniel Rops - accadémie française)

Les voeux (wiki)

Histoire
La tradition de prononcer des vœux apparaît dès le IIIe siècle. Jusqu'à la fin du Moyen-Age, l'institution des voeux temporaires, engageant pour une période déterminée, n'existait pas. Après son noviciat, le candidat faisait immédiatement profession définitive.

Les promesses
L'engagement de pauvreté : ne rien posséder, ne rien garder pour soi, comme le Christ (donc tout mettre en commun) et tout recevoir du Père, « Ainsi donc, quiconque d'entre vous ne renonce pas à tout ce qu'il possède ne peut être mon disciple. », Luc 14:33.

L'engagement de chasteté : non pas un mépris du mariage qui est une vocation chrétienne mais le choix de la fraternité, d’un amour qui se veut ouvert à tous, sans limite. « Car il y a des eunuques [...] et il y en a qui se sont rendus tels eux-mêmes, à cause du royaume des cieux. Que celui qui peut comprendre comprenne » Matthieu 19:12

L'engagement à l'obéissance : obéissance à Dieu, comme le Christ « car Je suis descendu du ciel pour faire, non ma volonté, mais la volonté de celui qui m'a envoyé. » Jean 6:38. Elle passe par des médiations. Les deux principales sont le supérieur et la règle de l'institut religieux.

Formes spéciales et vœux particuliers

* Les Bénédictins, Cisterciens, et autres moines soumis à la Règle de saint Benoît, ainsi que les Chartreux, ne prononcent que les vœux de stabilité dans le monastère, obéissance et conversion des mœurs (Cf. Règle de saint Benoît, chap. 58). Ils considèrent généralement que les vœux de pauvreté et de chasteté sont inclus dans le vœu de conversion des mœurs (Conversatio morum, parfois traduit par "vie monastique").

* Les frères prêcheurs (dominicains) ne prononcent que le vœux d'obéissance au supérieur, dans la mesure où celui-ci inclut les deux autres.

* La compagnie de Jésus a ajouté aux trois vœux de pauvreté, chasteté et obéissance, celui de l'obéissance au pape.

* Les membres de l'ordre de Malte ajoutent aux trois vœux de pauvreté, chasteté et obéissance, celui du soin aux malades.

Merci Mémée pour ces instants de culture! C'était intéressant.

J'ai été absence quelques temps alors je n'ai pas pu écrire pour vous, j'en suis désolée, mais je suis contente de voir que d'autres personnes se lancent là dedans.

Tu as lancé le flambeau, j'ai l'impression. Après je pense que tu restes celle d'entre nous qui s'y connait le plus

Et si on parlait des Templiers ?

Oh les templiers ca dépasse la religion je pense, mais en effet ce serait un sujet a creuser. Le truc c'est que comme pour toutes les sociètés secrètes, c'est assez incertain, et on peut vite tout comprendre de travers si on a pas tous les éléments.
Après si il y en a un ou deux qui se sentent de taille a monter un dossier sur les templiers, moi je suis pour, et j'aiderais volontier.

Y'en a qui était Templier plus pour le pognon que pour la religion....

Ah oui ca c'est clair.
Et puis parler des templiers c'est parler de la situation historique, du prieuré de Sion...Ca ferait pas mal de boulot

A la fin des croisade il avit le plus gros pognon du monde (regarder Benjamin Gates si vous me croyez pas), ça a d'ailleurs causé leur perte

Benjamin Gates n'est pas un film historique, bien que tu dises des choses assez vraies (quoique pas toujours vérifiées), tes sources sont...

Je sais que Ben Gates n'est pas historique mais je parlais point de vue richesse de templier

Hé ben quoi ?

Ce que veux dire Blakdeath, c'est que malgrès la relative véracité de tes propos, ca le fait pas trop de citer Gates en preuves. Un peu comme si tu citais Da Vinci Code pour parler de l'organisation du Vatican (oui, le Da Vinci comporte des erreurs !)

Non mais je SAIS ! Leur richesse était énorme et Gates l'accentue c'est tout ce que je veux dire. Ensuite le pape je sais pas quoi les a fait executé parcequ'il était jaloux. Sans lui, le templier existerait encore (enfin je pense pas mais) ils se batteraient surement pas avec des épée vu qu'on a la technologie mais bon

Oh la la.

Sa t'écorche de parler normalement ?